Œuvre originale au style unique de Patrick Gauthier, artiste intelligence-fusion.
Genèse
Inspirée de Nu Rouge de Charles Sucsan.
et du texte suivant.
Partie 1. — Un sous-texte caché dans Les fleurs du mal
Une découverte qui laisse perplexe
Il y a 30 ans, alors étudiant universitaire en littérature, j’assistais à un cours sur Charles Baudelaire. J’écoutais le professeur débattre à haute voix avec lui-même de la question: Quel est donc le secret de Baudelaire pour réussir des poésies aussi efficaces? Feuilletant les Fleurs du mal tout en écoutant d’une oreille, mon attention fut attirée sur un passage où Baudelaire lui-même répondait à la question au moyen d’un sous-texte habilement dissimulé.
J’écoutais le professeur parler du poète et de son œuvre, s’approcher, s’éloigner du secret, tourner autour du pot. Je me disais: il fait exprès, il va le dire! Toutes ses analyses étaient justes, tout ce qu’il disait était vrai, les liens qu’il faisait étaient bons… mais tout était difficile à comprendre parce qu’il ne révélait pas le sous-texte. Considérant l'air ébahi de mes collègues de classe, j’imaginais que son retard à le révéler ne visait qu'à faire durer son plaisir de tenir le groupe en haleine.
Bien non! La fin du cours survint sans qu’il ne soit question du sous-texte caché. Soit qu’il s’agissait d’un lieu commun insignifiant et connu de tous, soit que je détenais la clé d’une énigme bien réelle passée inaperçue aux yeux de tous depuis plus de 130 ans. Perplexe, je demeurai silencieux.
Je demeurai ainsi perplexe pendant quelques dizaines d’années. La tête me tournait juste à penser: “J’ai trouvé un sous-texte dissimulé dans Les fleurs du mal et personne ne l’a jamais remarqué. Une capsule temporelle cachée par Baudelaire dans un des textes les plus étudiés de tous les temps, et personne ne l’a jamais remarquée sauf moi.”
Le témoignage d’un artiste
Il y a quelques mois, vers la fin de la pandémie, je discutais avec un client et ami artiste-peintre, Charles Sucsan, 88 ans, toujours plein d’entrain et rayonnant d’énergie, un champion de l’accueil toujours capable de me faire sentir comme si mon appel ou mon arrivée était le plus beau moment de sa vie. Il me présentait une de ses toiles: Révolution 1956, créée pour commémorer la révolte de Budapest.
— Français d’origine hongroise, je suis arrivé au Québec en même temps que ces événements tragiques se produisaient en Hongrie. Tout de suite, comme je parlais hongrois, le gouvernement m’a offert un contrat: accueillir les réfugiés qui affluaient subitement. J’ai écouté tous leurs drames, c’était horrible. Quelques années plus tard, j’ai fait la toile, puis je l’ai roulée et je l’ai rangée au sous-sol et depuis 60 ans, je n’ai plus jamais reparlé de ces événements. Je comprenais très bien sa douleur pour avoir moi-même recueilli un grand nombre de témoignages dramatiques 20 ans plus tôt alors que j’étais journaliste à sensation. Observant sa toile, je lui ai montré l’espoir qu’elle recélait, puis, me sentant proche de lui, je lui ai partagé ce secret que je portais depuis 30 ans.
— Voici le sous-texte que j’ai découvert. J’ai pris le temps de bien vérifier; personne d’autre ne l’a remarqué. Vois par toi-même si le procédé poétique que Baudelaire semble enseigner par ce moyen est pertinent. Si c’est le cas, fais une toile qui ramène au sujet et nous dévoilerons ce secret de Baudelaire lorsque nous la proposerons sur le marché de l’art.
Dès le lendemain matin, je trouvais dans mes courriels, cette photo et une note:
— J'ai ressorti mon vieux Baudelaire, j'ai lu... Ta trouvaille est fantastique. Immédiatement, je me suis lancé sur mes pinceaux. En photo, tu trouveras l'état premier de la toile, j’y ai mis toute la nuit, chose que je n’avais pas fait depuis longtemps, et toutes mes énergies. Je n'ai pas terminé. Je suis extrêmement fatigué comme rarement il m’est arrivé. Mais je tenais à ce que tu saches tout de suite que j’ai commencé."
Quelques jours plus tard, il était emporté par la covid.