Patrick Gauthier

Dans le royaume d’Émeraude, un forgeron de blasons nommé Alaric était connu pour ses talents uniques. Vivant dans la solitude, ce maître des emblèmes tissait de la magie dans chaque pièce de métal, unissant les peuples et guidant les armées vers des victoires lumineuses.

Cependant, sa magie avait un prix élevé : avec chaque blason, il mêlait une goutte de son sang aux métaux étincelants. Cette essence de vie conférait une puissance surnaturelle à ses œuvres. Mais Alaric, trop pauvre pour se nourrir convenablement, ne renouvelait jamais son sang sacrifié. Après chaque création, la faucheuse semblait se rapprocher, son ombre s'allongeant un peu plus dans le coin de son atelier.

Le bruit de son don exceptionnel atteignit les oreilles de souverains lointains. Ils affluaient vers lui, désireux de posséder un de ces blasons miraculeux. Ils offraient des richesses, mais Alaric ne demandait que le strict nécessaire pour survivre, ne voulant pas que son art soit corrompu par la cupidité.

Un jour, une reine en détresse le supplia de forger un blason pour mettre fin à une guerre dévastatrice. Conscient que cette œuvre pourrait être son ultime création, Alaric accepta. Il travailla des jours entiers, affaibli et blême, jusqu'à ce que le dernier coup de marteau soit donné. Alors qu'il appliquait la dernière goutte de sang, il s'effondra, sentant la vie le quitter.

Le blason, terminé sous l'emprise de sa faiblesse, brilla d'une lumière inconnue. Le métal se réchauffa et une aura enveloppa Alaric, le relevant de sa défaillance. Le sang donné, au lieu de le lier à la mort, forgea un lien avec le blason, lui rendant sa force et sa vitalité.

La reine, témoin de ce miracle, emmena Alaric dans son royaume. Il fut accueilli comme un héros et plus jamais il n'eut à échanger sa vie contre son art. Son dernier blason n'était pas seulement un symbole d'unité pour le royaume, mais aussi le début d'une nouvelle ère pour le forgeron, où son art continuerait à inspirer et à protéger, sans le coût de sa propre essence.