Patrick Gauthier

Le succès, cet horizon lointain et souvent fuyant, ne sourit-il pas à ceux qui, avec une patience stoïque, embrassent le désarroi d'une gestalt inachevée ? Dans cet interstice où l'œuvre n'est ni tout à fait née ni totalement absente, se trouve le cœur battant de la création.

Pensez à l'artiste, dont le pinceau suspend son vol au-dessus de la toile vierge, ou à l'écrivain, contemplant la page blanche, chacun face au vertige de l'infini des possibles. C'est dans cette attente, cette suspension, que germe le potentiel de tout devenir. La gestalt ouverte, avec ses contours flous et ses chemins inexplorés, est le terreau fertile d'où émergent les visions les plus audacieuses.

Embrasser l'échec, ou plutôt l'état d'inachèvement, c'est reconnaître que chaque pas en arrière est un pas de côté dans la danse de la création. C'est accepter que le succès n'est pas l'antithèse de l'échec, mais son complice, son frère d'armes dans la quête de l'expression ultime. L'échec n'est pas une fin, mais une invitation à explorer de nouveaux chemins, à ouvrir d'autres portes, à questionner et à se réinventer.

L'état de gestalt ouverte est un dialogue avec l'inconnu, un pacte avec l'imperfection qui nous enseigne que la beauté réside souvent dans l'inachevé, dans l'imparfait. C'est une leçon d'humilité et de courage, un rappel que le succès véritable réside moins dans la destination que dans le voyage, dans notre capacité à tolérer l'incertitude et à puiser dans nos échecs la force de poursuivre.

Ainsi, le succès vient à qui sait tolérer, voire chérir, l'état d'échec que représente une gestalt ouverte. Car c'est dans cet espace, vibrant d'incertitudes et de possibilités, que l'on tisse les rêves les plus fous, que l'on peint les couleurs les plus vives de notre destinée. C'est là, dans l'étreinte de ce qui n'est pas encore achevé, que l'on découvre le véritable visage du succès : un phénix qui renaît de ses cendres, encore et encore, dans l'éternel ballet de la création.